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Publications

Francis Massé : “L’épreuve que nous traversons exige d’administrer et de gouverner autrement”
Acteurspublics.fr – 18/09/2020

Essayiste et consultant, l’ancien haut fonctionnaire Francis Massé est l’auteur d’Urgences et Lenteur, politique, administration, collectivités, un nouveau contrat (éditions Fauves, 2e édition, mars 2020).

Covid-19 : pourquoi n’avons-nous rien fait alors que nous savions ?
Latribune.fr – 24/05/2020

Ancien élève de l’ENA, essayiste et président de MDN Consultants, Francis Massé, analyse les raisons des défaillances de la sphère publique constatée pendant la crise du Covid-19 et apporte des pistes de solutions

Francis Massé : “Après la crise, donner aux administrations des capacités stratégiques”
Acteurspublics.fr – 17/04/2020

Francis Massé, essayiste, consultant, ancien haut fonctionnaire, est l’auteur d’Urgences et Lenteur, politique, administration, collectivités, un nouveau contrat (Éditions Fauves, 2e édition mars 2020).

Agir c’est (ce devrait être) toujours simplifier
GFP N° 1 – Janvier-Février 2019

La complication bureaucratique est trop souvent une réponse à la complexité sociale. Il importe de mieux analyser celle-ci et d’adapter le management public par la décentralisation et la confiance et de renforcer ainsi les liens avec les citoyens et les territoires.

Francis Massé : “L’administration est-elle apte à se confronter à la complexité ?”
Acteurspublics.fr – 16/11/2018

“Pour moderniser l’administration, il faut mettre en mouvement les agents publics sur de vraies finalités”, souligne l’essayiste, conférencier et consultant Francis Massé. Ancien élève de l’ENA, ancien administrateur général, il est l’auteur d’Urgences et lenteur, quel management public à l’aube du changement de monde ? (Éditions Fauves).

Françis Massé: « Emmanuel Macron doit être un Président manager »
L’opinion – 17/01/18

Il est temps que l’Exécutif réforme son propre instrument d’action : l’État et l’administration.

Interview d’Irène Inchaupsé

Un État «à la demande»
GFP N° 1 – Janvier-Février 2018

Un État fort est indispensable pour faire face aux défis du monde moderne mais il doit d’abord être lui-même modernisé par l’organisation de grandes agences de service public, l’élargissement des responsabilités locales, un pilotage cohérent et un management responsabilisant.

La France iconoclaste (ou l’art de prendre des vessies pour des lanternes)

La liberté politique contribue à rendre les hommes dignes d’elles, à en faire des citoyens ni conformistes, ni rebelles, critiques et responsables Raymond Aron

Les statues de la Cathédrale d’Utrecht témoignent encore des attaques de l’iconoclasme durant la réforme au XVIème siècle. Ces briseurs d’images, cette destruction délibérée des représentations pour des motifs religieux ou politiques se retrouvent à des moments sensibles de l’Histoire. La statue du Lion de Palmyre découverte en 1977 dans le temple Al-Lât en Syrie fut ainsi détruite en juin 2015 par le groupe État islamique et restaurée en 2017.

Des incidents d’un autre ordre mais tout aussi symboliques se sont déroulés à l’Arc de triomphe lors du mouvement des Gilets jaunes à Paris et désormais des entreprises de déboulonnage de statues ou d’enlèvements de plaques de noms de rues sont en cours dans diverses villes. On s’attaque également à d’autres symboles culturels : « Autant en emporte le vent » le film américain de Victor Fleming réalisé en 1939, adapté du roman du même nom de Margaret Mitchell est déprogrammé du Grand Rex à Paris. Déjà des conférences comme celle de Sylviane Agacinski à l’université Bordeaux Montaigne sur la PMA avaient été annulés sous la pression, des livres de François Hollande déchirés à la suite de la suppression forcée de sa conférence lilloise.

Ces phénomènes sont non seulement inquiétants mais gros de tous les dangers.

Malheureusement, les arguments subtils et nuancés ne valent plus rien aujourd’hui. Certes nous payons les maladresses des pouvoirs successifs et l’absence de projet politique d’envergure qui fasse sens pour les citoyens. Les inégalités culturelles, économiques et sociales sont là. Elles expliquent certainement une partie de la colère. Mais un certain nombre d’acteurs semblent souhaiter l’aventure et une sorte de révolution illusoire.

Les sociétés dans lesquelles nous vivons demandent un tout autre courage que celui de la violence gratuite. C’est d’abord celui de l’audace de la compréhension et de la controverse. C’est de complexité qu’il faut parler et non de simplisme : si l’on ne souhaite pas, à juste titre, laisser les experts et les technocrates monopoliser le pouvoir et s’accaparer les décisions qui nous concernent tous et toutes, encore faut-il faire l’effort d’investir dans les connaissances indispensables pour agir à bon escient.

A cet égard, les prochaines municipales du 28 juin devront impérativement permettre de donner la main à des élus – quels qu’ils soient en termes d’origine politique – pourvu qu’ils soient honnêtes, exemplaires, intelligents et lucides sur les vrais enjeux. Tout autre type d’élu enfermé dans des idéologies coupées des réalités serait néfaste pour le peuple.

Aujourd’hui la violence est désastreuse, demain elle peut conduire à l’impasse et à l’arrêt brutal du progrès humain. D’où la nécessité absolue de corps intermédiaires responsables mais également pris au sérieux par le pouvoir central.

Nous sortons d’une crise pandémique qui nous a entrainé dans un confinement sans doute porteur de complications psychologiques et qui va générer des crises économiques et sociales ; priorisons nos débats !

Stop à la déstabilisation en chaîne des institutions. Stop à ces recours ou ces commissions d’enquêtes à charge. A la place de recours irresponsables agissons par des retours d’expériences à froid et constructifs. Si des gens ont commis des erreurs par incompétence, remplaçons-les ! Mais qui ne voit que beaucoup de ceux qui hurlent avec les loups :  politiciens, fonctionnaires ou anciens fonctionnaires, éditorialistes, intellectuels, ont une large part de responsabilité dans l’impotence actuelle de l’État. Chacun a entretenu à sa façon des routines ou des pouvoirs sources d’inefficacité probante ou de silence politique[1].

Au final ce sont les plus fragiles d’entre nous qui en pâtissent et qui deviennent la chair à canons de révolutionnaires de salon. Il faut sortir de nos croyances et protéger nos jeunes des fausses informations [2]. Les vraies révolutions à faire aujourd’hui sont de l’ordre de l’esprit, et singulièrement de l’esprit de responsabilité. Il faut changer notre regard, adopter de nouveaux référentiels dans l’écosystème économique, social/sociétal et environnemental. Et transformer dans le temps avec l’autorité de la compétence notre société, en accompagnant les populations par un projet qui ait du sens et en agissant avec la virtuosité de la démocratie plutôt que par la grossièreté de l’autoritarisme.

Détruire des statues ou d’autres objets matériels ou immatériels du passé représentant à tort ou à raison des idées que nous rejetons aujourd’hui c’est un exercice de défoulement totalement inutile. 

Nous ne sommes plus à l’âge de la colonisation ni à celui de l’esclavage ou de la traite des noirs (j’avais écrit traite des nègres qui est le mot historique mais je me suis dit que ce serait insupportable pour le lecteur sensible).

Lors d’une mission à l’inspection des finances j’avais travaillé sur le logement des immigrés et je me souviens de Rue Lénine ou Staline en Seine Saint Denis témoignage d’un passé de croyances et d’idéaux d’une époque. Laissons à nos enfants le soin de faire le tri : l’hygiénisme de la pensée ne donnera rien de bon et la pensée aseptisée produit de l’imbécilité.

Nous importons aujourd’hui Black Lives Matters comme jadis Mac Donald ou Halloween. Pourquoi pas ! mais à condition de prendre le recul avec notre propre histoire et culture. Sinon nous nous infligeons à nous-mêmes ce que nous imposions à tort et avec ridicule aux africains, nos ancêtres les gaulois. 

Je préfère l’approche intelligente de Bordeaux plutôt que celle de Nantes. Karfa Diallo qui anime la mémoire du port « négrier » en accord avec la municipalité préfère conscientiser le passé que de l’enfouir radicalement. La ville a choisi de ne pas débaptiser les rues portant un nom lié à l’esclavage mais de faire poser des plaques explicatives. Quoique l’on dise on est riche de son passé ; on en hérite sans sentiment de culpabilité car on est plus fort d’assumer son négatif que de le refouler. 

Celles et ceux qui veulent incriminer mènent clairement une action politique et ce terrorisme de la pensée vise à détruire. On veut nous affaiblir collectivement sur des sujets qui bien qu’importants ne sont pas les principaux chantiers du futur. 

En effet, quels sont les vrais sujets aujourd’hui ? Sont-ils bien là sur la table ou occultés par crainte ou paresse intellectuelle ? Que devons-nous transmettre à nos enfants pour qu’ils soient plus forts et capables d’affronter de nouvelles menaces et autant de belles opportunités de progrès humain ? 

Certes, l’affaire Adama Traoré est une affaire sérieuse, grave et tragique mais elle ressort des moyens ordinaires pour être traitée en justice et en dignité avec une analyse exacte des faits.

Notre combat doit se trouver dans une révolution de l’éducation pour transmettre à nos descendants le goût de l’Autre, la compréhension de la complexité de notre environnement économique social et environnemental le sens de la vie.

Et là il ne faudra pas des solutions ordinaires mais un nouvel élan pour instaurer des institutions, des méthodes et des référentiels capables de contribuer à la construction de notre futur.

 

[1] Francis Massé, Le silence politique, Ouest-Éditions, 2000.

[2] Patrick Chastenet , professeur de science politique à l’Université de Bordeaux remarque que : » si seulement 17% des Français tirent principalement leurs informations des réseaux sociaux, il sont 63% dans la tranche des 18-24 ans, précisément la plus ouverte aux théories conspirationnistes et la plus imperméable à toute entreprise pédagogique de fact-checking ». Cité par Jean-Marc Ferry, in Qu’est-ce que le Réel ? Le bord de l’eau 2019.